BRUNO-CARL BÉRUBÉ
ARTISTE PEINTRE
 

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Propos de l'artiste


La figuration a toujours été pour moi un défi important. Trouver ma propre façon de représenter
le monde, le faire avec réalisme, était une préoccupation constante. Pendant plusieurs années j’ai réalisé des tableaux à partir de photographies, cherchant par toutes sortes de moyens à «qualifier » ces images parfois anodines, à leur trouver une fonction critique. Lorsque j’en suis arrivé à oblitérer le tableau d’un carré blanc, à y faire basculer des images, à y adjoindre des mots, je ne voyais plus cette fonction critique  dans l’image elle-même mais dans la manière de la représenter et de l’appuyer à l’aide de mots à connotation politique. Je parlais alors de présence figurative dans le tableau, au lieu de figuration à part entière.  Après une douzaine de tableaux, je me suis rendu compte que cette « world painting » à laquelle je souscrivais était de plus en plus lourde à soutenir.
A ce moment là, connaître l’état du monde était devenu plus important que le geste de peindre.  La peinture elle-même me semblait être devenue un anachronisme. Je ne voyais plus la nécessité de continuer à peindre et de soutenir le système pictural que j’avais élaboré au fil des années.  Pourquoi peindre d’autres tableaux alors qu’en partie ce que je dénonçais était la peinture elle-même en tant que lieu d’un mode de projection trop «occidentalisé » ? Je disais alors qu’il fallait éviter le regard centralisateur et opter pour une vision périphérique. Tout tableau élaboré à partir du centre me semblait hautement symbolique par rapport à notre façon de voir le monde. Je proposais de faire basculer le regard dans l’espace perspectif et s’élever ce même regard dans le plan frontal. Le tableau devenait alors pour moi le lieu d’une métaphore : nous ne sommes pas le centre du monde, il est urgent de regarder dans toutes les directions et d’en haut à la fois, car le monde nous échappe.
 Après ma dernière exposition à Montréal en 1990, j’ai décidé de cesser de peindre.  Onze ans plus tard, le onze septembre, le monde a soudainement basculé.